Julien, pêcheur de homard
Découvrez son parcours
et son engagement pour les océans
L’APPEL DE LA MER
À 23 ans seulement, Julien Mouton est le plus jeune patron pêcheur du Cotentin ! Avec son matelot de 20 ans, ils forment aussi l’équipage le plus jeune de la région normande.
Originaire de Caen, Julien a grandi près de la mer mais n’était pas du tout prédestiné à la pêche car il n’est pas issu d’une famille de pêcheurs.
Ses premiers contacts avec l'Océan se font dès l'enfance lorsqu'il passe ses vacances au club de voile et dompte les vagues aux championnats de France de planche à voile dès ses 13 ans.
La pêche, il y pense dès l’adolescence. Mais sa mère n’est pas vraiment favorable : les risques d’un métier « dangereux, il faut bien le dire ! », les difficultés pour bien gagner sa vie… Pourtant, l’appel de la mer est plus fort.
Après sa première année au lycée maritime en spécialité commerce, il embarque pour un stage sur un porte-conteneurs pour aller chercher des bananes dans les Antilles. Les longs mois passés loin de ses proches auront raison de sa carrière dans la marine marchande. Il préfère alors se consacrer à ses premiers amours : la pêche. Il continue au lycée maritime et obtient son diplôme dans cette section.
Au début de sa carrière, il faut faire ses preuves et apprendre sur le tas. Julien commence par la coquille St Jacques à Courseulles-sur-Mer. Puis il essaye un peu tous les types de bateaux comme les chaluts hauturiers (en haute mer) où il pêche des espèces de fond : lotte, congre, bar, tacaud. « C’était varié et intéressant, mais on partait 9 à 10 jours en mer alors il valait mieux ne pas avoir d’accroche à terre ».
Il suit d’autres amours qui l’emmènent alors à Blainville-sur-mer. Dans l’ouest du Cotentin, Julien ne connaît personne mais rien ne l’arrête. Il tisse son réseau et travaille pendant 5 ans comme pêcheur de bulot, jusqu’à ce qu’il ait l’opportunité de pouvoir patronner son propre bateau pour pêcher le homard. Aujourd'hui, il fait partie des nombreux pêcheurs de la pêcherie de homard au casier du Cotentin et Jersey certifiée MSC pêche durable depuis 2011. La pêcherie contient une centaine de petits bateaux artisans.
Le bateau de Julien, c'est le Père Vonvon. Il fait 8,50 mètres et il en est fier !
« La passion du métier et de la mer l'emporte sur tout le reste »
LA PÊCHE AU HOMARD
Titulaire de sa licence de Capitaine 200, Julien est formé à bonne école par l'ancien gérant de son bateau avant d'en devenir propriétaire.
« Pour s’installer à son compte, il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds et avoir du caractère. Mêmes si les casiers sont très lourds et les sorties en mer très longues, je préfère la pêche au homard car elle est respectueuse de l'environnement ! »
Équipé de 400 casiers sur 25 filières (soit 15 casiers par filière, chaque casier est relié par de longs fils), Julien pratique une pêche artisanale et pêche principalement le homard ; mais aussi d’autres crustacés comme le tourteau et parfois même du poisson comme le baliste. Julien a un nombre limité de casiers, comme tous les autres bateaux de la pêcherie.
Son travail dépend bien sûr de la météo, des horaires de la marée et des aléas des courants qui déplacent ses casiers. Chaque semaine, il se fixe de faire 5 sorties en mer, appelées marées, de 12 à 14 heures. Pas de tout repos ! Il y a les semaines "en matinale" (de journée) ou "en tardive" (de nuit). Son itinéraire de pêche, il le prévoit la veille des marées. Lorsqu'il rejoint son bateau, il charge les appâts puis embarque avec son matelot. Chaque filière est remontée chaque jour, sauf en cas de mauvais temps.
« On rejette les homards hors taille [les juvéniles trop petits], et on met le restant dans les paniers, en séparant ceux qui se battent. Sur le chemin du retour, on met les élastiques MSC sur les pinces des homards qui respectent le cahier des charges du label. »
L'ENVIRONNEMENT, UN RÉEL ENGAGEMENT
Animé par un engagement pour la pêche durable, il fait partie de la Commission Crustacés du Comité Régional des Pêches, un groupe de marins-pêcheurs, de scientifiques du SMEL (Synergie Mer et Littoral), de Normandie Fraîcheur Mer qui se réunit régulièrement pour discuter des problématiques locales et définir les règles de gestion de la pêcherie. Julien va à toutes les réunions.
Il essaye de mobiliser autour de lui les autres pêcheurs, chefs restaurateurs, mareyeurs et consommateurs, en expliquant l'importance de la pêche durable et de la préservation de la ressource. Julien se décrit lui-même comme étant un pêcheur engagé et responsable mais il craint parfois que le phénomène de surpêche ne frappe ses côtes et ne se répande sur la pêche au homard. Sa génération est plus préoccupée des effets de la surpêche sur les écosystèmes marins que les générations précédentes.
Julien a aussi essayé de créer un collectif de jeunes marins-pêcheurs engagés. "Moi je vais essayer de faire changer les choses, et mes amis aussi ont un bon raisonnement là-dessus". Il est le premier à accueillir à son bord des scientifiques du SMEL car leurs données sont précieuses et très intéressantes pour connaître les caractéristiques du stock de homards (répartition homogène de mâles et femelles, températures de l’eau, périodes de reproduction, santé du stock, etc.).
« Ils vérifient les viviers, partent en mer avec nous et nous renvoient des données plus tard. On se rend compte alors de ce qu’on ne voyait pas forcément sur le coup. Il faut faire ce travail avec eux sur plusieurs années pour voir les évolutions. C'est très intéressant ! »
Cette meilleure connaissance de la population de homards associés à des mesures de gestion comme la limitation du nombre de casiers et de bateaux contribue à la préservation du stock de homard et à l’obtention de la certification MSC. Parfois, Julien va même plus loin dans sa rigueur et souhaite faire avancer les pratiques de pêche durable. À la Commission Crustacés, il n'a de cesse de proposer de nouvelles idées, notamment sur l'amélioration des engins de pêche pour minimiser leur impact environnemental.
« La nouvelle génération a envie d’évoluer sur la pêche durable. Aujourd'hui, il y a une vraie prise de conscience ! Le MSC, j'y ai adhéré dès que je me suis mis à mon compte. J'ai trouvé que c'était une bonne idée. »
PENSER À L'AVENIR
Julien voit l'avenir du métier de pêcheur de manière incertaine et reste lucide sur la difficulté du secteur. Ce qui est presque sûr en revanche est qu'il aimerait le transmettre à ses enfants. Son rêve ? Continuer la pêche traditionnelle, suivre le rythme des saisons, se diversifier dans les espèces pêchées et fournir des grands chefs. Sa passion pour la mer lui permet de travailler sur et pour les océans.
« Aujourd’hui, ce que j’aimerais vraiment c’est m’acheter un petit voilier pour retrouver le silence de la mer. Sur un voilier, on se pose et on profite du calme des océans…
Si j'ai des enfants plus tard, ce serait bien sûr une fierté qu'ils reprennent mon bateau mais il faut beaucoup de courage. Travailler pour l'avenir, oui c'est important ! Mais il y a encore beaucoup de travail à faire ! »
Julien est plein d'espoirs et continuera de pêcher, durablement et en préservant les océans et la biodiversité, pour les générations futures.
Pour agir et rejoindre Julien dans son engagement, vous aussi soyez acteurs de la préservation des ressources et des océans en consommant des produits de la mer labellisés MSC.
Toutes les photographies sont soumises à copyright © MSC ou Frédéric Briois.